1.1. Du mot à la phrase: au-delà du sens conventionnel. Une perspective romane
Când?
28-29 aprilie 2023
Colocviu internaţional organizat în cadrul Facultăţii de Limbi şi Literaturi Străine (Departamentul de Limba şi Literatura Franceză este reprezentat în cadrul comitetului de organizare de lect. dr. Roxana Voicu). AICI se poate regăsi postarea colocviului.
1.2. Quadricentenaire de la naissance de Blaise Pascal : 1623-2023
Colloque à l’Université de Bucarest, 19-20 mai 2023
À l’occasion du quadricentenaire de la naissance de Blaise Pascal (1623-1662), le Centre de recherches Fondements de la Modernité Européenne (FME) et le Département de Langue et Littérature Françaises de l’Université de Bucarest, le Centre Gilles Gaston Granger (CGGG) – CNRS et Université Aix-Marseille – et le Département de Philosophie de l’Université de Szeged (Hongrie), en partenariat avec le Centre Régional Francophone d’Études Avancées en Sciences Sociales, l’Institut Français de Roumanie et l’Agence Universitaire de la Francophonie, organisent un colloque international qui se tiendra à l’Université de Bucarest, les 19 et 20 mai 2023. Dans la continuité des travaux menés par le FME dans le champ de l’histoire intellectuelle, religieuse et philosophique de l’âge classique, cet événement réunira des chercheurs et chercheuses et des spécialistes de divers horizons critiques autour de l’œuvre et de la pensée pascaliennes, de leurs sources et de leurs influences ou encore de leurs réceptions passées et présentes.
De façon non exhaustive, trois axes thématiques sont proposés qui peuvent être abordés conjointement dans une visée transversale.
Un premier axe de questionnement concerne la dimension épistémologique de l’œuvre et la pensée pascaliennes. Celle-ci pourra par exemple être envisagée du point de vue de l’histoire et de la philosophie des sciences, dans l’examen de la situation historique et contextuelle de l’œuvre physique et mathématique comme dans l’élucidation conceptuelle des conditions d’émergence de la production scientifique. L’épistémologie pascalienne pourra également être examinée dans sa visée proprement gnoséologique. Envisagée au sens de méthode, cette approche devra conduire à préciser le rapport de Pascal aux théories de la connaissance qui lui préexistent, à la « logique » ou encore aux traditions des « dialectiques » de la Renaissance. On pourra encore étendre la compréhension de l’épistémologie hors de l’œuvre strictement scientifique, en particulier à la rhétorique, à la polémique théologique, aux raisons et aux modalités de la croyance religieuse ainsi qu’à l’herméneutique biblique.
Dans la mesure où les réflexions épistémologiques de Pascal accompagnent un discours sur la nature du sujet connaissant, on pourra s’interroger sur les divers éléments qui composent les aspects anthropologiques de la pensée pascalienne. Dans le prolongement du premier, ce second axe se propose de réunir sous une perspective commune les développements inhérents à l’étude de l’homme, soit à la conception de la nature humaine selon qu’elle se présente dans une visée gnoséologique, existentielle ou apologétique. De cette manière, on envisagera la constitution progressive de l’anthropologie pascalienne conjuguant les contrariétés essentielles de la nature humaine à la critique du moi. Ici encore pourront être explorés les diverses sources et emprunts qui jalonnent les considérations anthropologiques de Pascal.
Enfin, un troisième axe thématique viendra compléter les précédents et s’articulera autour des problèmes relatifs à l’établissement du texte pascalien, plus particulièrement du texte des Pensées, à destination de son interprétation et de sa diffusion. Au regard du caractère inachevé, lacunaire et inchoatif de nombreux écrits faisant de l’analyse génétique de l’œuvre une condition nécessaire pour la restitution de la pensée, une attention particulière sera accordée à la critique matérielle et philologique des manuscrits et des copies qui dirigent les décisions éditoriales. Dans cette perspective, les travaux visant à dresser une historiographie critique de l’édition et du commentaire ainsi que ceux qui proposeraient d’identifier les différents enjeux de la traduction des écrits pascaliens seront également appréciés.
Cinquante ans après les études réunies dans les Annales de l’Université de Bucarest à l’occasion des 350 ans de la naissance de Pascal (Analele Universităţii Bucureşti. Literatură Universală şi Comparată, 1, 1974), ce colloque entend prolonger l’entreprise de diffusion de la pensée pascalienne en Roumanie (voir la bibliographie indiquée par : Horia Lazăr, « Pascal en Roumanie [1965-1993] », Courrier du Centre International Blaise Pascal, 15, 1993, 8-10).
Modalités de soumission
Les propositions devront être adressées sous la forme d’un résumé de 200 mots, accompagné d’un titre et d’une courte biographie à l’adresse suivante : vlad.alexandrescu@lls.unibuc.ro avant le 20 février 2023.
Comité scientifique
Alberto Frigo, Université de Milan
Vlad Alexandrescu, Université de Bucarest
Tamás Pavlovits, Université de Szeged
Thomas Bellon, Aix-Marseille Université
1.3. Mo(r)ts en guerre et guerre des mo(r)ts
Colloque International « Langage(s), Discours et Traduction » (VIIème édition)
29-30 novembre 2023, Université de Bucarest
« Dire l’indicible » (Wiesel, 2007), nommer l’innommable, nommer le mal, le mal absolu, telle la mort absurde sur les champs de bataille des deux guerres mondiales ou dans les camps de concentration (Amigorena, 2019), mort face à laquelle tout repère se trouve pulvérisé, voici quelques leitmotiv traversant le paysage littéraire actuel. On voit surgir l’image d’un écrivain qui, voulant reconstruire l’histoire dont il est issu, commence à chercher à partir d’une intériorité et à construire dynamiquement en lui-même afin de franchir un mal transgénérationnel prenant la forme d’un « orphelignage » à partir duquel il espère inventer sa « revivance » (Toledo, 2020). Comment trouver donc les mots justes pour dire ses morts et se dire autrement ? La tâche de cet écrivain n’est aucunement facile : il doit gérer beaucoup de variables et assumer également une stratégie des contraintes (Lahougue, 1999). Car il y a pour ce type de romancier de l’extrême contemporain quelques défis importants à relever. Il ne s’agit pas pour lui de revenir à la représentation, au type de subjectivité ou bien à la formule réaliste classique, mais de se placer dans le soupçon et de parler depuis ce point très déséquilibrant, ce qui le rend assimilable à un funambule. La littérature actuelle se veut ainsi une expérience de la langue, elle ne se complaît plus dans la production de la fiction ni dans un témoignage quelconque, elle propose essentiellement une parole du sujet passant par un double questionnement : de l’écriture (souvent une écriture à trous, pas du tout mimétique du réel) et de l’identité (Viart, 1999).
S’efforcer de distinguer l’invisible, comprendre et nommer le mal, c’est vouloir se comprendre pour pouvoir (sur)vivre. Le refus des mo(r)ts tourne souvent en une quête désespérée des mo(r)ts : « Adorno a dit qu’écrire un poème après la Shoah, c’était barbare – avant de revenir sur cette affirmation pour écrire encore. » (Amigorena, 2019).
Et, comme l’image du funambule a déjà été évoquée, en hommage à Genet, nous ouvrons la réflexion sur « l’infernale contrée » où les auteurs invitent les lecteurs, prisonniers de leur solitude et d’une parole qui tue souvent. « Les mots. Vécue je ne sais comment, la langue française dissimule et révèle une guerre que se font les mots, frères ennemis, l’un s’arrachant de l’autre ou s’amourachant de lui. Si tradition et trahison sont nés d’un même mouvement originel et divergent pour vivre chacun une vie singulière, par quoi, tout au long de la langue, se savent-ils liés par une distorsion ? » (Genet, 1968). Il arrive très souvent d’ailleurs que les pratiques discursives agonales soient explicitement revendiquées par le théâtre contemporain dont les personnages « se battent par le langage, et le langage entraîne une transformation » (Koltès, 1987). La formule sartrienne « tu me tiens, mais je te tiens aussi » en dit long, à son tour.
Sur le plan linguistique, la polémique ou la guerre des mots reflète pleinement la dimension conflictuelle de la prise de parole. Qu’on la considère comme un genre discursif à part entière, comme le débat, la dispute ou la controverse, ou bien comme un trait définitoire des pratiques discursives agonales, la polémique opère en tant que « simulacre et substitut de la guerre littérale » (Kerbrat-Orecchioni, 1980). Dans cette forme de confrontation, les locuteurs sont mis face à face, front à front. Le contrat fiduciaire qui fonde la mise en communauté de l’énonciation (Jacques, 1983) cède la place à une logique du soupçon : la sincérité de l’autre n’est plus présupposée, les lois du discours sont ouvertement transgressées, la manipulation est de mise.
Comme toute antilogie, la polémique possède une forte dimension éristique. L’objectif d’une telle interaction est l’expression de la divergence, doublée de la discréditation, en tant que mise à mort (symbolique) de l’adversaire et de l’altérité qu’il incarne : « Quel que soit le sujet de la polémique, le discours polémique est toujours, à un certain niveau, un discours sur la mort, de la mort, un discours sur l’acte de tuer. L’enjeu de la polémique, si symbolique soit-il, est le meurtre de l’adversaire (Felman, 1979).
Dans cette guerre de(s) mots, la parole n’est plus parole pour autrui, mais contre autrui. On « communique » par des coups de force discursifs (réplique, déni, riposte, défense, esquive…), on attaque les positions de l’adversaire. Le dire se mue en contredire. La contestation des présupposés entraîne l’effilochage du tissu discursif.
Mais les enjeux de la polémique ne sont pas uniquement discursifs. S’y jouent également des rapports de place, des rôles et des représentations des identités sociales (Qui suis-je pour toi ? Qui es-tu pour moi ?). À quoi on peut ajouter la dimension éthique inhérente à toute prise de parole.
Objet d’étude versatile, le discours polémique se laisse ainsi analyser à partir de plusieurs angles (sémantico-pragmatique, argumentatif, rhétorique, socio-discursif, didactique), tous aussi riches et théoriquement prometteurs.
Bibliographie
Amigorena, Santiago H. (2019) – Le Ghetto intérieur, Paris, P.O.L.
Genet, Jean (1968) – « L’Étrange mot d’… », Œuvres complètes, IV, Paris, Gallimard.
Toledo, Camille de (2020) – Thésée, sa vie nouvelle, Paris, Verdier.
Wiesel, Élie (2007) – préface de La Nuit, Paris, Minuit.
Albert, L. (2006) – « Le glaive de la parole », COnTEXTES, n° 1 (http://contextes.revues.org/86).
Albert, L., Nicolas, L. (2010) – « Le pacte polémique », in Albert L., Nicolas L. (éds.), Polémique et rhétorique de l’Antiquité à nos jours, Bruxelles, De Boeck/Duculot.
Amossy, R. (2014) – Apologie de la polémique, Paris, PUF.
Amossy, R. (2011) – « La coexistence dans le dissensus », SEMEN. Revue de sémio-linguistique des textes et discours, n° 31 (http://semen.revues.org/9050).
Amossy, R., Burger, M. (2011) – « Introduction : la polémique médiatisée », SEMEN. Revue de sémio-linguistique des textes et discours, n° 31 (http://semen.revues.org/9050).
Angenot, M. (2008) – Dialogues de sourds. Traité de rhétorique antilogique, Paris, Éd. des Mille et Une nuits.
Declercq, G., Murat, M., Dangel, J. (éds.) (2004) – La Parole polémique, Paris, H. Champion.
Ducrot, O. (1991) – Dire et contredire, Paris, Hermann.
Fassin, D., Rechtman R. (2007) – L’Empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion.
Felman, S. (1979) – « Le discours polémique (Propositions préliminaires pour une théorie de la polémique) », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, n° 31.
Gefen, A. (2017) – Réparer le monde. La littérature française face au XXIe siècle, Paris, José Corti.
Jankélévitch, V. (1977) – La Mort, Paris, Flammarion.
Kerbrat-Orecchioni, C., Gelas, N. (éds.) (1980) – Le Discours polémique, Lyon, Presses universitaires de Lyon.
Lahougue, J. (1999), « Une stratégie des contraintes », États du roman contemporain : actes du colloque de Calaceite, 6-13 juillet 1996, Jan Baetens et Dominique Viart (éds.), Fondation Noesis.Maïsetti, A. (2014) – « Genèses : Retrouver sa langue et tensions vers l’épure », Dans la solitude de Bernard Marie Koltès, textes réunis par Christophe Bident, Arnaud Maïsetti, Sylvie Patron, Paris, Hermann.
Micheli, R. (2011) – « Quand l’affrontement porte sur les mots en tant que mots : polémique et réflexivité langagière », SEMEN. Revue de sémio-linguistique des textes et discours, n° 31 (http://semen.revues.org/9050).
Moeschler, J. (1982) – Dire et contredire. Pragmatique de la négation et acte de réfutation dans la conversation, Berne – Francfort/M., Peter Lang.
Rolland-Lozachmeur, G. (dir.) (2016) – Les mots en guerre. Les discours polémiques : aspects sémantiques, stylistiques, énonciatifs et argumentatifs, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Rivages linguistiques ».
Schoentjes, P. (2009) – Fictions de la Grande Guerre. Variations littéraires sur 14-18, Paris, Classiques Garnier.
Viart D. (1999) – « Filiations littéraires », États du roman contemporain : actes du colloque de Calaceite, 6-13 juillet 1996, Jan Baetens et Dominique Viart (éds.), Fondation Noesis.
Viart D. (2002) – « Écrire avec le soupçon – enjeux du roman contemporain », Le Roman français contemporain, Yves Mabin (coord.), Paris, ADPF – Publications.
Comité scientifique (provisoire)
Lidia Cotea, Université de Bucarest
Marina Păunescu, Université de Bucarest
Sonia Berbinski, Université de Bucarest
Mese rotunde (axa de cercetare: Literatura franceză a extremului contemporan)
-
- Jurizarea pentru atribuirea Premiului Goncourt (coord. al Juriului Universităţii din Bucureşti: Lidia Cotea, Mihaela Stănică) (septembrie-octombrie 2023) şi organizarea mesei rotunde pe tema: Autour de la littérature française de l’extrême contemporain: enjeux et défis – titlu provizoriu (coord. Lidia Cotea) (30 octombrie 2023)