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Le Chat : cet autre de chez nous

Table ronde organisée par le Centre Iconographè de l’Université de Bucarest,

Faculté de Langues Etrangères, Département de Français

Le 12 octobre 2024

 

Mais le plus sauvage de tous les animaux sauvage était le Chat. Il se promenait seul et tous les

lieux se valaient pour lui. […] et quand la lune se lève et que la nuit vient […] il s’en va par

les Chemins Mouillés du Bois Sauvage…

(Ruyard Kipling)

De toutes les créatures de Dieu il y a une qui ne peut pas devenir l’esclave du fouet. Cette

créature est le chat (Mark Twain)

Depuis la nuit des temps les chats font l’objet de nombreuses légendes et mythes ; c’est sans doute l’animal qui, au fil des siècles, a fasciné le plus les écrivains et les artistes. Associé tantôt à la spiritualité tantôt aux forces démoniaques, il inspire, dans plusieurs cultures, à diverses époques, une admiration mêlée de crainte. De l’animal vénéré des Egyptiens ou respecté par les bouddhistes à la victime émissaire de l’Occident médiéval ou au chat Nekomata, associé à la magie noire au Japon, nombreuses sont les métamorphoses du petit félin dont les représentations semblent mettre à l’épreuve l’imagination collective. De nombreuses études lui ont donc été consacrées. L’objectif de cette rencontre est de les revisiter dans un contexte de dialogue interdisciplinaire et interculturel et de problématiser des aspects qui n’ont pas encore été tirés au clair. S’il est évident que le Moyen Age a connu des périodes noires où le sort des chats, de même que celui des lépreux ou des juifs, était de servir d’exutoires à la colère collective, les choses ne sont pas tellement simples et certains aspects doivent être nuancés. Dans la fiction Tibert, protagoniste du Roman de Renart, apparaît sous un jour favorable, même si, en contrepartie, la légende arthurienne fait du Chapalu un monstre tout aussi effrayant qu’un dragon. Quant au monde des realia, certaines sources mentionnent des objets de luxe achetés par des nobles pour leur animal de compagnie. Des textes rédigés à l’intention des recluses désignent le chat comme animal permis pour les accompagner pendant leurs prières, ce qui nuance la perspective d’un Moyen Age du « chat émissaire ». Lorsque la mode des bêtes exotiques, comme les perruches ou les perroquets, commence à s’imposer aux cours seigneuriales, le chat perd progressivement de sa capacité de fascination magique au profit d’oiseaux qui savent parler, mais il semble gagner mieux la confiance de ses maîtres. La place et le rôle du chat dans les textes et l’iconographie de leurs manuscrits, de même que dans l’héraldique, ainsi que l’évolution sur la vision du chat pendant l’Ancien Régime et à l’époque moderne, gardent encore quelques énigmes que les poèmes des romantiques ou des symbolistes au XIXe siècle ou les récits parodiques ou admiratifs au XXe ne font que rendre plus intéressants. Et, en dernière instance, pourquoi cette fascination pour le chat, ce regard intrigué qui traverse les cultures et que l’on retrouve partout comme un repère universel des rapports entre l’homme et l’animal, au même titre que l’on retrouve un dieu quelconque dans toutes les cultures ?

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